Laos

Le Mékong marque la frontière entre le Laos et la Thaïlande. Nous échangeons nos derniers baths contre des kips laotiens, et nous décidons de rester 3 jours sur place afin de planifier la suite de notre aventure... Nous approchons les 7 mois de voyage, et notre retour est prévu fin Mars... à nous de profiter au mieux de ce temps qu'il nous reste. 

Au Laos, nous retrouvons la conduite à droite, une église catholique (dans un pays boudhiste), du pain (et quelques boulangeries), des terrains de pétanques... Cela nous rappelle que le Laos était sous protectorat français jusqu'à la fin de la guerre d'Indochine. Nous visitons la ville à vélo, et ses nombreux temples boudhistes, le Sisaket Temple avec ses statues dorées est notre préféré, devant celui du Boudha couché. Devant les temples, nous observons de nombreux moines (ils vivent sans argent) en tenue ocre; tous les matins, ils démarrent leur journée en demandant de la nourriture auprès des populations, puis ils partagent un repas commun vers 11h. Ensuite, et le reste de la journée, ils prient et acceuillent les fidèles.

Dans notre auberge de jeunesse très sympa, nous faisons la rencontre de voyageurs. Beaucoup ont intégrés le Laos, -comme nous-, dans un road-trip en Asie ou autour du monde. Nous croisons aussi quelques voyageurs seuls , ou expatriés. En tout cas, même si les locaux parlent uniquement le laotien, c'est très facile de parler français au Laos. Ici, les villes ne sont pas supers chouettes, c'est sympa, sans plus; il faut sortir des sentiers battus, et de sa zone de confort pour découvrir un Laos nature, authentique, s'enfoncer dans quelques ruelles de terre battue, aller à la rencontre des populations... Nul doute que le Laos sera pour nous un gros coup de coeur!

Les bus locaux nous réservent toujours beaucoup de surprises. Le bus qui nous emmène vers le Sud est surchargé ; il y a eu plus de billets vendus que de places assises, il faut donc "serrer les coudes" pendant 5 heures, à cela s'ajoute les nombreux cartons de marchandises qui prennent beaucoup de place (au moins 1/3 du bus)! Nous rencontrons deux sympathiques nantais, qui, comme nous, projettent de faire la boucle à scooter. La boucle de Thakket est un incontournable de la région Sud, et permet la visite des nombreuses grottes (caves souterraines), de cascades, dans un verdoyant paysage de montagnes karstiques. C'est donc à 4, et avec deux scooters que nous partons pour 4 jours et 3 nuits d'aventure !

Le scooter nous offre la liberté de s'arrêter quand on le souhaite. Les journées sont riches et intenses, nous jouons les aventuriers dans les grottes, certaines -comme la célèbre grotte de Konglor- sont impressionnantes. Nous traversons des plantations de tabac ou de manioc, la région est très belle, et nous profitons aussi des cascades pour "piquer une tête". On ne roule pas très vite à scooter, il faut parfois slalomer au milieu des vaches, des poules, des chèvres qui traînent en liberté ; à côté de nous le "travail du champ" se fait à la main, mais le motoculteur semble le nouvel objet à la mode. Un peu fous, nous mettons notre réveil à 4h30 pour admirer un lever de soleil sur un bras du Mékong, mais le jeu en vaut la chandelle. L'accueil est toujours chaleureux dans les nombreux villages, accompagné d'un grand sourire et d'un "sabaidee" bienveillant (bonjour). Parfois, nous croisons quelques anciens qui parlent un français correct (du temps où le français était obligatoire à l'école).

Faire la boucle à moto, c'est intense mais tellement sympa, les paysages sont merveilleux ! On passe le bonjour à David et Virginie avec qui on a passé de bons moments de partage, et pour "JB", une demi-journée d'escalade ; prenez soin de vous, et bon voyage !

Partout dans le pays, le drapeau communiste flotte à côté du drapeau laotien, mais pour combien de temps encore? Dans le nord du pays, comme sur les rives du Mékong, la Chine investit massivement; les enjeux économiques sont plus forts que les enjeux identitaires ou écologiques. Une prime de 100 000 dollars (par personne) facilite l'expatriation des Chinois a revenus modestes. Vous pouvez cliquer ici, et lire cet article de "Libération".

Nous retrouvons notre scooter pour découvrir le magnifique plateau des bolavens en 3 jours. La manioc, le caoutchouc, le thé, mais surtout le café font vivre la région. Sur de belles routes asphaltées, nous traversons les plantations au milieu des montagnes. Si le café est peu exporté, il n'en reste pas moins très réputé. L'interêt de la région, ce sont les nombreuses cascades présentes sur le parcours; on peut s'y arrêter pour manger, faire des photos, se reposer, ou se baigner! Le village de Tad Lo est un point de départ idéal pour de petites randonnées faciles; on y traverse des villages traditionnels (les maisons sont en bambous) et des forêts sacrées. Dans un petit village, presque auto-suffisant, nous dormons une nuit chez l'habitant; le confort est sommaire, mais bien cachés sous la moustiquaire, nous trouvons vite le sommeil. Dès le réveil, les enfants comme les adultes fument du tabac et du sucre de canne dans de grandes tiges en bambous (ils toussent aussi beaucoup). Dans cette région du Laos, les gens sont boudhistes et animistes (ils croient aux esprits de la nature, aux ancêtres); les chamans, les guerisseurs, et les sorciers n'exitent pas que dans les livres... c'est quelque chose qui est difficile à s'imaginer, il faut le voir pour le croire! Si vous avez un peu de temps, lisez l'article des "six pieds en vadrouilles" sur le village animiste de Mr Hook.

Difficile de faire un choix entre la boucle des bolavens et la boucle de Thakket; nous gardons de supers souvenirs des deux parcours! Avant de rejoindre Hué au Vietnam, nous prenons la route vers le Sud du Laos, pour visiter Champasak et les 4000 îles. Plusieurs soirs de rang, avant la tombée de la nuit, Jean-Baptiste participe aux séances de foot du village. Sur un terrain de terre et de sable, et au milieu des vaches, le ballon reste un langage universel que tout le monde comprend. A Champasak, nous visitons le Wat Phou, vieux de 800 ans (temple Khmer, de religion boudhiste) qui est considéré comme le "petit Angkor", en référence aux temples d'Angkor du Cambodge, et nous profitons de quelques balades à vélo pour profiter des lieux.

Nous longeons le Mékong depuis Vientiane; chaque soir nous assistons à un coucher de soleil toujours différent. Tout près de la frontière cambodgienne, les 4000 îles forment de petits îlots sur la rivière Mékong, c'est très beau, mais aussi très touristique; l'île de Don Det n'est composée que de "guesthouses" et de restaurants, ce n'est pas ce que l'on recherche! Le soir, les enfants des villages se baignent dans la rivière, au milieu des pirogues et des pêcheurs, cela nous offre de belles photos. Au Sud de l'île, des bateaux proposent de voir les rares dauphins roses de l'irrawaddy (ils sont considérés comme sacrés au Cambodge, symbole de réincarnation). Autour d'un jus de fruits frais ou d'une bière locale, nous évoquons timidement notre retour, prévu fin Mars. Faut-il déjà y penser ou continuer à profiter? 

Nous avons choisi de poser "nos valises" sur la petite île de Don Kamao, pour nos derniers jours au Laos. La végétation est luxuriante au bord du Mékong. L'île n'est pas touristique du tout, les habitants vivent en autarcie, coupés du monde en cultivant du riz ou un petit potager familial. L'île est authentique, et toute petite (on fait le tour de l'île en 1h30 à pied): nous passons plusieurs nuits chez l'habitant auprès de Mister "Phonephet" qui propose la seule "homestay" de l'île. Son projet est de développer l'île, grâce à l'éducation (les voyageurs proposent des cours d'anglais aux enfants du village). Sur Don Kamao, on trouve une école, un temple, des habitations et rien d'autre; nous découvrons le rythme laotien, et profitons du temps libre pour méditer ou pour jouer avec les enfants du village. Pour prendre sa douche, il faut "piquer une tête" dans le Mékong, au milieu des pirogues et des buffles d'eau... s'ajoute à cela de belles rencontres avec les volontaires engagés ; ce séjour restera en tous points un moment fort de notre passage en Asie!

Pour apprendre à connaître un pays, il faut du temps, et parler la langue. Nous avons cette incroyable chance d'avoir le temps, de pouvoir utiliser la méthode du "slow-travel", de traverser les pays sans courir et de nous arrêter pour dormir quand on le souhaite. C'est très perturbant, bien loin de notre vie européenne, rythmée par la montre, par la quête de savoir ce qu'on fera demain. Pourquoi tout cela?

Le Laos, on peut aimer ou détester. Les premiers trajets en bus peuvent suffirent à nous faire un avis, quand on ne sait pas qu'un retard de 2heures est fréquent. Les paysages sont toujours magnifiques, mais malheureusement pollués de plastiques, encore une fois véritable catastrophe écologique. Les locaux jettent parfois les briquets, ou les bouteilles plastiques par la fenêtre, c'est pour nous quelque chose de dur à vivre, mais c'est ainsi ici; le recyclage n'existe pas, les plastiques, les cannettes de soda seront brûlées. La priorité des politiques est de sortir le pays de la pauvreté, nous sommes bien loin des campagnes de sensibilisation. Dans un pays où de nombreux adultes ne savent pas lire, ni écrire, comment voulez-vous expliquer que "le plastique ne va pas se dégrader tout seul" ou va "polluer nos rivières"? C'est l'éducation et l'instruction qui, petit à petit, feront changer les choses. Nous avons la chance de connaître tout cela en France, et nos magasins sont remplis de produits sur-emballés. Qu'avons nous changé dans nos comportements ? 

Vivre au rythme laotien, c'est assez troublant, cela nous demande de déconstruire notre façon de penser, c'est essentiel. Produire plus pour gagner plus d'argent est une notion qui n'existe pas (contrairement au Vietnam), par exemple au Laos on ne fait qu'une récolte de riz par an (le Vietnam en fait deux), en raison du climat, mais cela permet aussi de se reposer le reste de l'année. Seuls les besoins primaires sont importants ; boire, manger, dormir. On ne cherche pas à faire plus que de chercher à être HEUREUX. L'état d'esprit laotien, défini par le bouddhisme, est souvent perçu comme un manque d'ambition par les étrangers. Mais les laotiens disent que "trop travailler n'est pas bon pour la tête" et plaignent "ceux qui pensent trop". De plus, un travail sans amusement va générer du stress!

Les journées au Laos commencent tôt, par un petit déjeuner à la maison ou dans les échoppes de nouilles, puis les enfants vont à l'école. Chez "mister Phonephet", le projet était de fabriquer un "bungalow". Le premier jour, les volontaires ont coupé des bambous, le deuxième jour, il fallait se reposer alors le troisième jour, ils ont commencé à assembler quelques planches... Une semaine plus tard, nous avons quitté l'île mais le projet était au point mort! Au Laos, les siestes ne sont pas rares, cela nous donne droit à des scènes qui prêtent à sourire! Un monde nous sépare avec d'autres cultures, il faut prendre le temps de comprendre cela, mais la question n'est pas de savoir: qui a raison? Parfois, certaines choses ne sont pas faciles à voir, il faut faire avec, et cela fait partie du voyage, mais nous avons aussi reçu de formidables leçons de vie. Les laotiens sont terriblement attachants, de quoi vous donner envie de voyager?

Peace

*JB*

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